Les troubles DYS regroupent un ensemble de troubles spécifiques de l’apprentissage, qui affectent des compétences fondamentales comme la lecture, l’écriture, le calcul ou encore la coordination motrice. Ils ne sont pas liés à un manque d’intelligence ou de motivation, mais à des différences dans le fonctionnement cérébral. Bien que ces troubles puissent représenter un défi pour les enfants et leurs familles, ils ne sont pas une fatalité.
En comprenant mieux ces troubles et en adoptant des stratégies adaptées, il est tout à fait possible d’aider un enfant DYS à s’épanouir et à surmonter ses obstacles. Cet article explore les principaux troubles DYS, leurs manifestations et leurs impacts, ainsi que des solutions pratiques pour accompagner les enfants dans leur apprentissage.
I. Explorer les différents troubles DYS (Dysgraphie, Dyslexie, Dysorthographie, Dyscalculie, Dysphasie et Dyspraxie)
Dysgraphie
La dysgraphie est un trouble spécifique de l’écriture qui affecte la qualité et/ou la vitesse d’écriture. Elle est souvent liée à une difficulté à automatiser les gestes graphiques, rendant l’écriture laborieuse et illisible. La dysgraphie peut être associée à d’autres troubles (comme la dyspraxie ou la dysorthographie), et elle peut se présenter sous différentes formes, dont la dysgraphie impulsive, caractérisée par une écriture rapide et désordonnée.
Signes fréquents
• Écriture illisible ou très difficile à déchiffrer.
• Mauvaise posture ou tenue du stylo, entraînant une fatigue rapide lors de l’écriture.
• Écarts irréguliers entre les lettres ou les mots.
• Difficulté à respecter les lignes ou à maintenir une taille cohérente des lettres.
• Dans le cas de la dysgraphie impulsive : écriture précipitée, avec de nombreuses erreurs dues à un manque de contrôle et à une recherche de rapidité.
Impact sur la scolarité
La dysgraphie complique les tâches écrites, que ce soit pour rédiger un texte, copier une leçon ou remplir un exercice. Les enfants peuvent se retrouver pénalisés lors des évaluations à cause de la lenteur ou de l’illisibilité de leurs productions, même lorsqu’ils connaissent les réponses. Dans le cas de la dysgraphie impulsive, la précipitation entraîne une accumulation d’erreurs et rend le texte confus. Ces difficultés peuvent générer une frustration importante, tant pour l’enfant que pour les enseignants.
Approches spécifiques pour la dysgraphie impulsive
• Encourager l’enfant à ralentir et à prendre conscience de son geste.
• Utiliser des exercices de motricité fine pour améliorer le contrôle du mouvement.
• Proposer des outils adaptés, comme des stylos ergonomiques ou des supports guidés (cahiers avec des lignes spécifiques).
• Favoriser l’utilisation d’outils numériques, comme un clavier, pour contourner les difficultés graphiques.
Dyslexie
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage qui affecte la capacité à lire et à comprendre les textes écrits. Elle se manifeste principalement par des difficultés à identifier les mots de manière précise et fluide, ainsi qu’à décoder les sons et les associer aux lettres. Ce trouble est neurodéveloppemental et n’a aucun lien avec l’intelligence de l’enfant.
Signes fréquents
• Lecture lente et hésitante.
• Confusion entre des lettres similaires (p/b, d/b, m/n).
• Difficulté à segmenter les mots en syllabes ou à reconnaître les sons individuels.
• Oublis ou inversions fréquentes de mots ou de lettres lors de la lecture ou de l’écriture.
• Manque de fluidité dans la lecture à haute voix, avec des pauses fréquentes.
Impact sur la scolarité
Les enfants dyslexiques rencontrent des difficultés majeures dans les matières qui demandent une lecture fréquente, comme le français, l’histoire ou les mathématiques. Ils peuvent être perçus à tort comme peu motivés ou inattentifs, ce qui affecte leur confiance en eux et leur envie d’apprendre. Sans soutien approprié, ces difficultés peuvent entraîner une démotivation et un échec scolaire.
Dysorthographie
La dysorthographie est un trouble spécifique de l’acquisition et de l’automatisation de l’orthographe. Elle affecte la capacité à écrire correctement les mots, même ceux qui sont fréquemment utilisés ou appris par cœur. Ce trouble est souvent associé à la dyslexie, mais peut aussi exister de manière isolée.
Signes fréquents
• Erreurs d’orthographe récurrentes, comme des inversions, omissions ou substitutions de lettres.
• Difficulté à appliquer les règles grammaticales, même simples (accords, pluriels).
• Confusion entre des sons proches (comme “on” et “om”) ou des homophones (comme “son” et “sont”).
• Difficulté à mémoriser l’orthographe des mots, même après plusieurs répétitions.
• Texte écrit avec une structure désorganisée ou des phrases incomplètes.
Impact sur la scolarité
La dysorthographie affecte la qualité des écrits dans toutes les matières scolaires, rendant les devoirs et les évaluations écrites particulièrement difficiles. Les enseignants peuvent avoir du mal à évaluer correctement les idées de l’enfant à cause des nombreuses erreurs. Cela peut générer de la frustration, un manque de confiance en soi et une réticence à participer à des activités écrites. Une prise en charge adaptée, avec des exercices spécifiques et des outils comme les logiciels de correction, peut significativement aider ces élèves.
Dyscalculie
La dyscalculie est un trouble spécifique des apprentissages qui affecte la compréhension et la manipulation des nombres. Elle rend difficile l’acquisition des compétences mathématiques de base, comme compter, effectuer des opérations ou comprendre les concepts mathématiques abstraits. Ce trouble n’est pas lié à un manque d’effort ou d’intelligence, mais à un dysfonctionnement dans les zones cérébrales impliquées dans le traitement des chiffres et des quantités.
Signes fréquents
• Difficulté à apprendre les bases du comptage (par exemple, compter à rebours ou comprendre le concept de “plus” ou “moins”).
• Problèmes à mémoriser les tables de multiplication ou à effectuer des calculs simples de tête.
• Confusion entre les symboles mathématiques (comme +, -, x, ÷).
• Difficulté à estimer des quantités ou à associer un nombre à une quantité (par exemple, compter des objets).
• Incapacité à appliquer des formules ou des règles mathématiques dans des problèmes concrets.
Impact sur la scolarité
Les enfants dyscalculiques rencontrent des obstacles dans les matières où les mathématiques sont essentielles. Ils peuvent rapidement être submergés par les calculs, les problèmes logiques et les exercices géométriques. Cela peut entraîner une perte de confiance en eux et un sentiment d’échec, surtout si les difficultés ne sont pas reconnues. Une approche pédagogique adaptée, incluant des outils visuels ou pratiques, est essentielle pour les aider à progresser.
Dysphasie
La dysphasie est un trouble spécifique du langage oral qui affecte la capacité à comprendre ou à produire des messages verbaux. Ce trouble neurodéveloppemental touche les compétences de communication sans être lié à un déficit auditif ou intellectuel. Il existe plusieurs types de dysphasies, pouvant affecter la compréhension, l’expression ou les deux.
Signes fréquents
• Difficulté à trouver les mots justes ou à construire des phrases complètes et structurées.
• Mots ou phrases souvent mal prononcés, omission de mots ou inversions dans l’ordre des mots.
• Compréhension limitée des consignes complexes ou des questions longues.
• Réponses parfois incohérentes ou hors sujet, même si l’enfant a compris partiellement la question.
• Retard global dans l’acquisition du langage comparé à d’autres enfants du même âge.
Impact sur la scolarité
La dysphasie complique l’apprentissage global, car le langage est une base essentielle pour comprendre et assimiler les consignes. Ces enfants peuvent avoir des difficultés à interagir avec leurs enseignants et camarades, ce qui peut les isoler socialement. Ils ont souvent besoin de supports visuels, d’explications simplifiées et de temps supplémentaire pour effectuer leurs travaux. Les malentendus fréquents peuvent également affecter leur confiance en eux.
Dyspraxie
La dyspraxie est un trouble de la coordination motrice qui affecte la capacité à planifier, organiser et exécuter des mouvements volontaires. Elle ne résulte ni d’un déficit intellectuel ni d’un problème physique, mais d’un dysfonctionnement dans la transmission des informations entre le cerveau et les muscles. Ce trouble est également appelé trouble développemental de la coordination.
Signes fréquents
• Maladresse dans les gestes du quotidien (difficulté à boutonner un vêtement, à utiliser des ciseaux, ou à tenir un crayon).
• Écriture lente et souvent illisible, avec des lettres irrégulières ou mal formées.
• Difficulté à reproduire des formes ou des figures géométriques.
• Retard dans l’acquisition de certaines compétences motrices (faire du vélo, apprendre à nager).
• Problèmes dans les activités nécessitant une coordination main-œil (comme le sport).
Impact sur la scolarité
La dyspraxie complique les tâches scolaires qui nécessitent une motricité fine, comme écrire, dessiner, ou découper. Les enfants concernés peuvent sembler désorganisés ou lents dans leurs travaux, ce qui peut être source de frustration. Ils peuvent aussi se fatiguer rapidement à cause des efforts supplémentaires fournis pour des tâches qui semblent simples à leurs camarades. Sans adaptations, ils risquent de se sentir incompris et démotivés.
II. Stratégies et outils pour mieux accompagner les enfants DYS
Accompagner un enfant avec un trouble DYS demande une approche personnalisée, car chaque enfant est unique dans sa manière d’apprendre et de gérer ses difficultés. En explorant différentes stratégies et en utilisant des outils adaptés, il est possible de créer un environnement favorable qui valorise ses forces tout en répondant à ses besoins spécifiques. Voici quelques pistes pour soutenir efficacement ces enfants.
1. Adapter l’environnement de travail
• Travailler seul ou en groupe :
Certains enfants préfèrent travailler seuls dans un espace calme, où ils peuvent se concentrer sans être distraits. D’autres, en revanche, se sentent plus à l’aise et motivés en présence d’un adulte ou de camarades, qui peuvent leur offrir un soutien immédiat et réduire leur anxiété.
Astuce : Demandez à l’enfant ce qui lui convient le mieux et laissez-lui la possibilité d’expérimenter différentes configurations.
• Aménager un espace selon ses préférences :
Un bureau ordonné peut convenir à certains, tandis que d’autres se sentiront plus à l’aise en travaillant sur un tapis, à même le sol, ou dans un environnement plus informel.
2. Expérimenter des approches non conventionnelles
• Apprendre en musique :
La musique douce ou rythmée peut aider certains enfants à bloquer les bruits parasites et à se concentrer sur leur tâche. Cela crée un environnement stimulant tout en favorisant leur attention.
• Bouger en travaillant :
De nombreux enfants DYS intègrent mieux les informations lorsqu’ils peuvent bouger. Marcher en récitant une leçon, utiliser une balle anti-stress ou s’asseoir sur un ballon ergonomique peut transformer leur façon d’apprendre.
3. Utiliser des outils pédagogiques adaptés
• Supports visuels :
• Les enfants avec une dyslexie ou une dysorthographie peuvent bénéficier de fiches colorées, de tableaux de rappel ou d’organigrammes pour structurer les informations.
• Des logiciels de lecture assistée, comme des liseuses avec surlignage, peuvent également les aider à suivre les textes plus facilement.
• Outils pour la coordination motrice :
• Pour les enfants avec une dyspraxie, privilégier des stylos ergonomiques, des cahiers avec des lignes épaisses ou des tablettes numériques avec stylets.
• Proposer des activités qui renforcent leur motricité fine, comme des jeux de construction ou de l’artisanat.
• Logiciels et applications éducatives :
Il existe de nombreuses applications conçues pour aider les enfants DYS, comme des correcteurs orthographiques, des dictionnaires visuels, ou des jeux éducatifs pour apprendre les mathématiques et la grammaire de façon ludique.
4. Structurer les apprentissages
• Fractionner les tâches :
Diviser une grande tâche en étapes simples et claires permet à l’enfant de se concentrer sur une seule chose à la fois. Chaque étape achevée renforce sa confiance et sa motivation.
• Utiliser des rappels réguliers :
Un timer ou un tableau de suivi peut aider à garder l’enfant engagé et à lui rappeler les étapes à suivre.
• Encourager la répétition :
Les enfants DYS assimilent mieux certaines notions par la répétition, qu’il s’agisse de lire un texte plusieurs fois ou de revoir des exercices similaires sous différentes formes.
5. Soutien émotionnel
• Valoriser les efforts, pas seulement les résultats :
Les enfants DYS font souvent face à de nombreux échecs ou remarques négatives. Félicitez-les pour leurs efforts et leur persévérance, même si le résultat final n’est pas parfait.
• Favoriser la confiance en soi :
Mettez en avant leurs points forts (créativité, capacité à penser différemment, talents artistiques) pour leur montrer qu’ils ne se résument pas à leurs difficultés.
6. Encourager la communication avec les enseignants et les professionnels
Les enseignants et les professionnels de santé, comme les orthophonistes ou les psychologues, peuvent fournir des recommandations précieuses pour adapter les méthodes d’apprentissage. Maintenir une communication régulière avec eux permet de créer une continuité entre l’école et la maison.
Conclusion
Accompagner un enfant avec un trouble DYS demande patience, compréhension et créativité. Chaque enfant a ses forces et ses besoins spécifiques, et il est essentiel d’adopter une approche bienveillante et individualisée. Les stratégies et outils adaptés, combinés à un environnement encourageant, peuvent transformer ces défis en opportunités de développement. En valorisant les progrès, même modestes, et en collaborant avec des professionnels (enseignants, orthophonistes, psychologues), les parents peuvent jouer un rôle clé dans la réussite et l’épanouissement de leur enfant. Avec le bon soutien, un enfant DYS peut non seulement surmonter ses difficultés, mais aussi révéler des talents uniques et développer une grande résilience.
Marie-Laure Bissoudre