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Gestion des colères chez l’enfant : Outils pour apaiser les tempêtes émotionnelles


Le mode à travers les yeux d'un enfant

La colère, bien que perçue comme une émotion négative, est une réaction naturelle et essentielle. Elle permet à votre enfant de signaler un besoin, une frustration ou un inconfort. Cependant, cette émotion peut rapidement devenir ingérable si elle n’est pas accompagnée. Apprendre à comprendre et à accompagner votre enfant dans la gestion de sa colère est une clé pour cultiver un environnement apaisant et favoriser son épanouissement émotionnel.




Comprendre la colère chez votre enfant

La colère chez votre enfant est souvent déclenchée par le cerveau reptilien, la partie la plus primitive du cerveau humain, qui réagit instinctivement face à une situation perçue comme une menace. Le cerveau reptilien ne réfléchit pas : il agit. Cette réaction instinctive, héritée de nos ancêtres pour leur survie, pousse l’enfant à réagir immédiatement, sans recul ni analyse. Contrairement à un adulte, votre enfant ne dispose pas encore d’un cortex préfrontal suffisamment développé pour prendre du recul sur ses émotions et les gérer rationnellement. Ainsi, lorsqu’il est contrarié ou frustré, il réagit instinctivement, souvent de manière explosive.

Imaginez qu’on vous dise “NON” à longueur de journée ou qu’on vous interrompe sans arrêt sans comprendre pourquoi. Comment vous sentiriez-vous ? Ces interruptions constantes ou ces interdictions peuvent être perçues par le cerveau reptilien de l’enfant comme des attaques ou des injustices, déclenchant automatiquement une colère.

Exemple : Lorsque votre enfant crie ou se met en colère parce qu’on lui refuse un jouet, ce n’est pas forcément parce qu’il est capricieux. Son cerveau reptilien a simplement pris le dessus, le poussant à réagir pour protéger ce qu’il perçoit comme essentiel pour lui à ce moment précis.



L’échelle de la colère : du simple agacement à la violence

La colère, comme toute émotion, peut être vécue à des degrés différents. Comprendre où se situe votre enfant sur cette échelle peut vous aider à ajuster votre réponse et à l’accompagner efficacement. Voici une description des différents niveaux :

  1. Agacement :

L’enfant manifeste un léger mécontentement. Cela peut se traduire par des soupirs, des regards contrariés ou de petites plaintes verbales.

Exemple : Il râle parce que son jouet préféré n’est pas disponible.


  1. Frustration :

La contrariété augmente. L’enfant peut croiser les bras, hausser la voix ou commencer à se renfermer.

Exemple : Il insiste lourdement pour avoir un goûter avant le dîner et ne veut pas entendre vos arguments.


  1. Irritation :

L’enfant commence à exprimer son mécontentement de manière plus marquée. Les pleurs, les cris ou les gestes brusques (comme frapper un objet) peuvent apparaître.

Exemple : Il jette un jouet parce qu’il ne parvient pas à résoudre un puzzle.


  1. Colère active :

L’émotion devient dominante et peut s’accompagner de réactions plus intenses, comme taper du pied, hurler ou pleurer violemment. À ce stade, le cerveau reptilien est totalement engagé, et l’enfant a besoin d’un soutien immédiat pour se calmer.

Exemple : Il frappe la table ou s’effondre en pleurant parce que vous avez éteint la télévision.


  1. Rage :

L’enfant perd complètement le contrôle. Cela peut inclure des gestes agressifs envers les autres ou lui-même, comme lancer des objets, frapper ou mordre. Ce niveau nécessite une intervention immédiate pour garantir la sécurité.

Exemple : Il pousse un camarade qui a pris son jouet ou s’automutile en se griffant.


  1. Violence :

Au sommet de l’échelle, la colère devient destructrice. Les gestes peuvent causer des dommages matériels ou physiques. Ce niveau est rare et souvent lié à un fort sentiment d’impuissance ou à une accumulation de frustrations non gérées.

Exemple : Il casse un objet ou s’attaque physiquement à quelqu’un.



Les déclencheurs courants de la colère

Certains facteurs courants peuvent provoquer des crises de colère chez votre enfant. Identifier ces déclencheurs est essentiel pour prévenir les crises ou y répondre de manière adaptée.

Frustration face à des limites ou interdictions. Lorsque votre enfant se sent empêché de faire ce qu’il veut, la frustration s’accumule, entraînant une réaction intense.

Manque d’attention. Votre enfant peut exprimer sa colère pour capter votre regard ou combler un besoin d’interaction.

Fatigue ou surcharge sensorielle. Un enfant fatigué ou submergé par des bruits, des lumières ou des sollicitations excessives peut perdre patience plus rapidement.

Difficulté à exprimer ses besoins. Si votre enfant ne trouve pas les mots pour expliquer ce qu’il ressent, la colère devient un moyen de communication.



Les signaux avant-coureurs d’une crise de colère

Observer attentivement le comportement de votre enfant peut vous aider à anticiper une crise. Voici quelques signes à surveiller :

Irritabilité croissante. Votre enfant semble s’agiter ou se frustrer facilement.

Tensions physiques. Il serre les poings, contracte sa mâchoire ou adopte une posture rigide.

Recherche excessive d’attention. Il pleure ou crie plus que d’habitude pour se faire entendre.



Outils pour gérer les colères de votre enfant

  1. Validez ses émotions

Reconnaissez ce que votre enfant ressent sans le juger. Par exemple : “Je vois que tu te sens très frustré(e) parce que tu voulais continuer à jouer.” Cela lui montre que ses émotions sont légitimes et qu’il est entendu.


  1. Offrez un espace pour exprimer la colère

Proposez des façons saines de libérer cette énergie. Par exemple : dessiner sa colère, frapper un coussin ou faire des sauts pour se défouler.


  1. Utilisez des outils visuels

Montrez-lui une image ou un schéma expliquant comment fonctionne son cerveau (comme une maison des émotions). Cela l’aide à comprendre pourquoi il réagit ainsi.


  1. Apprenez des techniques de respiration

Enseignez-lui à prendre de grandes inspirations et à expirer lentement. Transformez cela en jeu : “Souffle comme si tu voulais faire bouger une plume très loin.”


  1. Offrez des alternatives

Guidez votre enfant vers des solutions acceptables. Par exemple : “Tu veux courir ? Allons dehors, où c’est plus sûr.”



Quand la crise est inévitable

Malgré vos efforts, certaines crises de colère restent inévitables. Voici comment agir dans ces moments :

Restez calme. Votre propre réaction influence celle de votre enfant. Montrez-lui que vous gardez le contrôle.

Assurez la sécurité. Éloignez les objets dangereux et, si nécessaire, tenez doucement votre enfant pour l’apaiser.

Laissez passer l’orage. Une fois la crise terminée, prenez le temps de discuter avec lui pour l’aider à comprendre ce qui s’est passé.



Conclusion

Les colères de votre enfant ne sont pas un problème à corriger, mais une opportunité de l’accompagner dans son apprentissage émotionnel. En comprenant les déclencheurs, en validant ses émotions et en lui offrant des outils adaptés, vous l’aidez à grandir avec confiance. Chaque crise est une étape vers une meilleure gestion de soi. Avec patience et empathie, vous pouvez transformer ces moments de tension en des leçons de vie enrichissantes pour lui et pour vous.



Marie-Laure Bissoudre

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