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Troubles du comportement : Quand les émotions prennent le dessus


Le mode à travers les yeux d'un enfant

Les enfants expriment souvent leurs émotions de manière directe et intense. Ces comportements, bien qu’ils puissent sembler difficiles, sont souvent des signaux d’un besoin ou d’une émotion non exprimée. Apprendre à décoder ces réactions permet de mieux accompagner nos enfants vers l’équilibre émotionnel et le bien-être. Cet article explore les causes des troubles du comportement, les signaux à observer et propose des solutions pratiques pour aider les enfants à mieux vivre leurs émotions.



Identifier les causes des troubles du comportement

Les comportements difficiles chez les enfants ne sont jamais gratuits. Ils représentent souvent la partie visible d’un ensemble complexe d’émotions et de besoins que l’enfant ne parvient pas à exprimer autrement. Comprendre ces causes permet d’apporter une réponse adaptée et bienveillante. Voici les principales raisons qui peuvent expliquer ces réactions.


Les émotions cachées

Les enfants n’ont pas toujours les mots pour nommer ou décrire ce qu’ils ressentent. Une émotion refoulée, comme la tristesse, la peur ou même la frustration, peut se manifester sous la forme de comportements jugés inappropriés. Ces réactions sont souvent leur manière d’attirer l’attention ou de demander de l’aide, sans toutefois pouvoir formuler clairement leurs besoins.

Par exemple, un enfant qui se met à crier pour un jouet refusé peut en réalité exprimer un besoin de réassurance ou un sentiment d’injustice face à une situation qu’il ne comprend pas pleinement. En identifiant cette émotion cachée, on peut répondre plus efficacement à son besoin, plutôt que de se focaliser uniquement sur le comportement lui-même.


Les besoins fondamentaux non satisfaits

Un comportement difficile peut également être le signe qu’un besoin essentiel n’est pas comblé. Cela peut être un manque d’attention, un sentiment d’insécurité ou même un besoin de contrôle sur une partie de leur quotidien. Les enfants cherchent alors, souvent inconsciemment, à attirer l’attention ou à rétablir un certain équilibre dans leur environnement.

Prenons l’exemple d’un enfant qui refuse systématiquement de manger à table. Ce comportement pourrait traduire un besoin de prendre des décisions par lui-même dans un contexte où il se sent contraint ou surveillé. En offrant un peu plus de choix ou de flexibilité dans ce domaine, on peut souvent désamorcer le conflit.


Les influences externes

Les événements et les changements dans l’environnement de l’enfant ont un impact majeur sur son comportement. Le stress familial, des tensions sociales ou un bouleversement comme un déménagement, un changement d’école ou une séparation parentale peuvent déstabiliser l’enfant. Ces facteurs externes amplifient souvent des réactions émotionnelles déjà présentes.

Par exemple, un enfant qui devient irritable ou colérique à l’école peut être le reflet de disputes récurrentes à la maison. Les enfants absorbent ces tensions et les expriment à leur manière, parfois dans des contextes qui semblent déconnectés de la cause réelle.


Les particularités individuelles

Chaque enfant est unique, avec ses propres forces et défis. Les particularités individuelles, comme une sensibilité accrue ou des troubles neurodéveloppementaux tels que le TDA/H ou les troubles DYS, peuvent rendre certaines situations plus difficiles à gérer pour eux. Ces spécificités augmentent souvent l’intensité et la fréquence des réactions émotionnelles.

Par exemple, un enfant hypersensible peut être profondément perturbé par des stimuli comme le bruit ou la lumière, qui passent inaperçus pour d’autres. Ces surcharges sensorielles peuvent déclencher des comportements explosifs ou des crises de repli.



Les signaux à ne pas ignorer

Certains comportements chez les enfants méritent une attention particulière, car ils peuvent révéler des difficultés sous-jacentes. Identifier ces signaux permet d’intervenir de manière précoce et adaptée, avant que les troubles ne s’aggravent ou ne s’installent durablement.


Les comportements répétitifs

Les crises de colère fréquentes, les oppositions systématiques ou les pleurs inexpliqués peuvent indiquer un problème persistant. Lorsqu’un comportement se répète régulièrement dans des contextes similaires, il est important de chercher à en comprendre l’origine. Ces répétitions peuvent être le signe d’un besoin non satisfait ou d’une émotion récurrente que l’enfant n’a pas encore appris à gérer.

Par exemple, un enfant qui se met systématiquement en colère à l’heure des devoirs peut exprimer une angoisse liée à la peur de l’échec ou à une difficulté non identifiée dans son apprentissage.


Les réactions disproportionnées

Une crise importante pour une petite frustration peut révéler une surcharge émotionnelle ou physique. Ces réactions semblent souvent déconnectées de l’événement déclencheur mais traduisent une accumulation de stress, de fatigue ou d’autres facteurs émotionnels.

Par exemple, un enfant qui fait une crise parce qu’il ne trouve pas sa paire de chaussettes préférée pourrait en réalité être dépassé par une accumulation de petites contrariétés dans la journée, comme une mauvaise nuit de sommeil ou une dispute récente.


Les signes de retrait ou d’anxiété

Un enfant qui évite les interactions sociales, refuse de participer à des activités qu’il aimait auparavant ou s’isole fréquemment peut manifester un mal-être intérieur. Ces signes de retrait doivent être pris au sérieux, car ils peuvent indiquer des troubles anxieux, une baisse de confiance en soi ou une difficulté à gérer des émotions comme la tristesse ou la peur.

Par exemple, un enfant qui s’isole dans sa chambre après l’école pourrait être affecté par des tensions avec ses camarades ou un sentiment de ne pas être compris dans un environnement donné.


Comprendre ce qui se cache derrière les comportements

Les émotions des enfants peuvent être comparées à un iceberg. Ce que nous voyons en surface – leurs comportements – n’est souvent que l’expression visible d’émotions ou de besoins plus profonds. Explorer ce qui se cache sous la surface permet de mieux comprendre et d’accompagner les enfants.


L’iceberg émotionnel

Les comportements difficiles ne sont que la partie visible de l’iceberg. En dessous, se trouvent des besoins non satisfaits, des peurs ou des blessures émotionnelles non exprimées. Ces éléments peuvent être liés à des expériences récentes, à des changements dans leur environnement ou à des tensions accumulées.

Par exemple, un enfant qui refuse de dormir seul pourrait manifester une peur de l’abandon ou un besoin de réassurance, surtout si des changements récents dans la dynamique familiale (comme une séparation ou un déménagement) ont ébranlé son sentiment de sécurité.


Les questions clés à se poser

Pour mieux comprendre ce qui se cache derrière un comportement, il est important de se poser les bonnes questions. Ces interrogations permettent d’aller au-delà de l’apparence du comportement pour en identifier les déclencheurs et les besoins sous-jacents.

• Qu’est-ce qui déclenche ce comportement ? Par exemple, une crise de colère à l’heure du coucher peut être liée à une peur ou à une angoisse spécifique qui surgit dans ce moment de transition.

• Que cherche l’enfant à exprimer ou à obtenir ? Il pourrait réclamer une attention accrue, tenter de reprendre un certain contrôle sur une situation qu’il ne maîtrise pas ou simplement exprimer une émotion qu’il ne sait pas nommer.

• Y a-t-il des facteurs récurrents ou contextuels ? Observez si le comportement se produit dans des moments précis (après l’école, lors des repas, au coucher) ou en présence de certaines personnes.


Agir en fonction de l’iceberg

Une fois les besoins ou émotions identifiés, il devient possible d’agir de manière ciblée. Par exemple, pour un enfant qui craint de dormir seul, vous pouvez instaurer un rituel apaisant comme lire une histoire ou utiliser une lumière tamisée pour renforcer son sentiment de sécurité. En répondant aux besoins cachés, on réduit progressivement les comportements difficiles en surface.



Stratégies pour accompagner les enfants

Écoute active et empathie. Reformulez les paroles de l’enfant pour qu’il se sente compris. Exemple : “Tu es en colère parce que tu voulais continuer à jouer, c’est bien ça ?”

Aider à nommer les émotions. Apprenez à vos enfants à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Exemple : “Es-tu triste ou en colère ?”

Créer un cadre rassurant. Les routines et les limites claires, associées à une bienveillance constante, aident les enfants à se sentir en sécurité.

Proposer des alternatives constructives. Offrez des moyens adaptés pour exprimer leurs émotions. Exemple : dessiner leur colère, utiliser une peluche pour raconter ce qui ne va pas ou souffler comme un dragon pour relâcher leur frustration.



Quand et comment chercher de l’aide ?

Si les troubles persistent ou s’aggravent malgré vos efforts, il peut être utile de consulter un professionnel. Un kinésiologue, un psychologue pour enfants ou un pédopsychiatre peut vous accompagner pour identifier les causes profondes et libérer les blocages émotionnels.

Explorer des pratiques complémentaires comme la méditation adaptée aux enfants, les exercices de centrage ou les fleurs de Bach peut également apporter un soutien précieux.




Conclusion

Les comportements difficiles des enfants ne sont pas une fatalité. Avec patience, bienveillance et les bonnes ressources, il est possible de les aider à exprimer leurs émotions autrement et à retrouver leur équilibre. Chaque enfant est unique, et chaque petit pas compte dans cette aventure. En cas de doute ou pour approfondir certains aspects, n’hésitez pas à explorer des accompagnements professionnels ou des outils spécifiques adaptés à vos besoins familiaux.

Marie-Laure Bissoudre

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